Michal Batory Jola Sidi Gallery

Michal Batory

Images sans titre

Exposition du 16 octobre au 15 janvier 2015

Né en Pologne, français d'adoption, Michał Batory est graphiste et le revendique haut et fort. Au fil d'un parcours d'affichiste plus que décennal, il a façonné un style où les images rivalisent avec les mots et priment souvent sur le domaine de la typographie : à savoir tous ces éléments textuels qui en graphisme font, selon une métaphore couturière, l'objet d'un habillage. Voici que, suivant les saisons et les caprices du temps et du goût, les textes pourraient être tantôt des chapeaux estivaux, tantôt des écharpes ou des manteaux d'hiver. Voici que les images sans titre que Michał Batory présente à la galerie Jola Sidi seraient, avant tout, des images nues, restituées au registre éminemment visuel et volontiers anarchique de la polysémie.

Conçues en réponse à une commande, ces images "têtes d'affiche" sont toutes nées pour une destination précise : cette feuille de vigne est rouge comme la passion de Bérénice, ce corset en chair et os annonce la nouvel saison d'un théâtre parisien.

"Habillées" et imprimées sur des affiches, elles ont déjà habité la ville, véhiculé un message, réclamé l'attention du passant distrait.

Déshabillées et montées sur châssis, elles deviennent d'emblée des objets intermédiaires, issus d'un geste subtilement duchampien : à mi-chemin entre les arts graphiques et les arts tout court, elles nous parlent d’une recherche créative qui se moque des étiquettes pour chercher ses outils là où la nécessité expressive guide tour à tour son créateur – art, artisanat, graphisme, photographie, sculpture, assemblage.

Belles et ambiguës comme cette "rencontre fortuite d’un parapluie et d’une machine à coudre” chère à Lautréamont, ces images libérées de tout contexte sont ainsi autant d’hommages purs à l’analogie, “amour immense qui rattache les choses distantes, apparemment différentes et hostiles” : la main et la bougie, le diapason et le coton-tige, les ciseaux et la grâce diaphane des danseuses du ballet.

Entre une image et l’autre, de petits objets ponctuent l’espace d'exposition. Destinés depuis le début à n'exister qu'en photo, ils sont les traces incarnées, aussi lyriques que résiduelles, de la genèse créative d'images mettant parfois ouvertement en échec les techniques de manipulation numérique.

Mais ils sont aussi des sculptures portatives s'apparentant à des calembours visuels : autant d'essais de métamorphose idéative et plastique du réel, nous rappellent que la vision, l’art et la poésie jaillissent toujours d’une idée, d’un geste simple et du silence qui les entoure.

Le graphiste habille les images pour les préparer aux caprices du plein air : les mots sont des manteaux, les titres des écharpes, les logos des chapeaux.

Michał Batory, une fois n'est pas coutume, les veut nues.

Les images qu'il présente sont nées en réponse à une commande et pour une destination précise : cette feuille de vigne est rouge comme la passion tragique de Bérénice, ce corset en chair et os annonce la nouvelle saison d’un théâtre parisien.

"Habillées" et imprimées sur des affiches, elles ont déjà habité la ville, véhiculé un message, réclamé l'attention du passant distrait.

Viviana Birolli

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