Wela

Pensées hybrides

 

Vernissage le 15 octobre 2015 de 19h à 22h

Exposition du 15 octobre au 15 décembre 2015

 

Dans le vif

 

Ce qui frappe dans le travail de WELA c’est d’abord ce dessin, où la vigueur du geste n’enlève rien à la qualité de détail, ni à la précision du trait. Une écriture qui parvient à trouver cet équilibre rare : jamais sa belle maîtrise technique ne prend le pas sur la fraîcheur toujours renouvelée de son expression. De la rigueur, mais pas d’automatisme ; ce serait un non-sens, car les œuvres de WELA débordent littéralement de vie. Dans ses mines de plomb, ses peintures, ses installations il n’est question que de cela, de la Nature – plus largement du vivant, de tout ce qui, en devenir, ne cesse de croître et de se transmuer.

WELA nous livre des instantanés du lent ballet qui métamorphose continuellement le monde. Les noirs profonds de ses motifs, toujours organiques, composent ainsi de minutieux microcosmes qui se ramifient en lignes sinueuses dans l’espace immaculé de la toile, de telle sorte qu’ils semblent y avoir germé. Cela se vérifie d’autant plus dans ses peintures récentes aux formats circulaires, qui ne sont pas sans faire étrangement penser à des mises en culture dans des boites de Petri. A moins qu’il ne s’agisse, tout à l’inverse, de vues zénithales de vastes frondaisons. Infiniment grand, infiniment petit ? Voilà une autre caractéristique de ce travail qui, confondant exprès détail et vue d’ensemble, se plait à bouleverser les ordres de grandeur pour mieux rappeler l’inévitable correspondance entre les différentes parties qui composent un tout, des plus imposantes aux plus insignifiantes.

De même est-il parfois difficile de trancher entre ce qui, dans ces œuvres, relève de l’animal ou du végétal. Certaines arborescences sont d’ailleurs presque à se confondre avec des connexions synaptiques. WELA joue de cette ambiguïté. Elle trace ce mélange hybride pour décloisonner le traditionnel clivage entre la faune, animée, et une flore qui ne le serait prétendument pas. Et elle le souligne encore par un usage d’une symbolique très crue de la couleur : comme avec ces tondos reprenant le dessin des cernes de croissance concentriques d’un fût, sur lesquels elle vient jeter une couche d’acrylique rouge, largement brossée et toute en dégoulinures, afin d’accentuer encore la brutalité de l’abattage que suggère le plan de coupe transversale.

Les œuvres de WELA traduisent une réelle empathie pour les sujets qu’elle aborde. Ainsi va-t-elle jusqu’à piquer d’aiguilles d’acuponcture ses représentations de troncs sectionnés. Ou, dans la série des Trophées de chasse, à monter des fragments de souches noueuses sur des écussons tendus de tissu cramoisi, en lieu et place d’autres dépouilles. Par ces constants déplacements entre la chair et le bois, le sang et la sève, par ces renversements obligeant à une attention autre sur ces matériaux « pauvres » trop souvent considérés, à tort, comme inertes, le travail de WELA révèle une inquiétude sincère – et plus, une éthique.

 

 

Marion Delage de Luget

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